Les civils dans la bataille
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Descanneville en flammes
L’intensification des bombardements sur la batterie
De nombreux bombardements furent menés contre la batterie de Merville. Ils iront en s’intensifiant au fur et à mesure que le Jour-J approchera. Les reconnaissances aériennes montreront également que des bombes d’un certain tonnage restaient inefficaces. Aussi les bombardements deviendront-ils également plus intenses de par le fait que la RAF utilisera des bombes plus lourdes.
La cible étant très proche des côtes, la Flak allemande étant rodée, des erreurs de bombardements eurent lieu. Descanneville en fit la triste expérience au début de la campagne de bombardements…
La tragédie des Vermughen
Adrien torturé devant sa femme
Adrien Vermughen (photo de gauche) et Yvonne Vermughen (photo de droite) possédaient la ferme de la Bergerie, une grande ferme. Ils connaissaient comme de nombreux autres agriculteurs de grosses difficultés de pâture pour leurs bêtes. L’origine de leurs ennuis provenait de Rommel qui ordonna l’inondation des basses terres de la Dives. Les herbages manquaient donc de manière critique pour les bêtes.
L’économie de la ferme se trouvait fragilisée à l’extrême et cela inquiètait au plus haut point Adrien Vermughen.
La ferme de la Bergerie était située à quelques kilomètres à l’Est de la batterie de Merville.
La nuit du 5 juin, Adrien Vermughen habitué aux tirs de défenses anti-aérienne et aux explosions des bombardements à répétition ne tarda pas à prêter l’oreille à un très ample bourdonnement d’avions inhabituels… Et puis les tirs de la Flak semblaient devenir plus rageurs. Il se décida alors à sortir dans la cour. Il scruta le ciel et rapidement il lui sembla apercevoir des hommes parachutés. Adrien Vermughen était convaincu que les forces de Libération allaient débarquer… Sachant les Marais inondés, il se dit qu’il enverra, dès le jour levé, son vacher, avec un bateau, partir à la recherche d’hommes qui seraient à repêcher…
Au matin, le vacher des Vermughen amena sa barque près de Terry Jepp qui se montrait , avec quelques autres parachutistes, en très grande difficulté. Ces hommes depuis environ 03h00 du matin menaient une lutte acharnée pour ne pas périr dans les eaux glaciales du piège tendu par Rommel. Ils se dirigeaient comme ils pouvaient dans la direction de la ferme des Vermughen qu’ils avaient distinguée dans la nuit.
Une fois à bord de la barque, ils ne furent pas longs à rejoindre la ferme de la Bergerie. Il ne fallait pas traîner dans les parages, le D-Day avait commencé et de nombreux renforts allaient affluer dans le secteur.
Adrien et Yvonne Vermughen eurent tout juste le temps de cacher les parachutistes : des allemands pénétraient dans la ferme. Sueurs froides, coeurs qui battent fort et respirations coupées.
Les allemands repartirent, ils ne venaient que chercher des provisions.
Au fil des heures, des jours, d’autres parachutistes britanniques et canadiens arrivèrent à la ferme.
Adrien et Yvonne Vermughen, les jours passants, ne refuseront personne.
Puis la date du 5 juillet arriva et avec elle l’heure de moments tragiques. Les rumeurs se répandaient très vite et les allemands attaquèrent la ferme de la Bergerie. Il n’y avait plus, le 5 juillet, de parachutistes cachés à la ferme de la Bergerie et malgré tout les allemands se livreront à leurs sinistres représailles.
Pour ne parler que des Vermughen, Adrien sera torturé devant sa femme. Arrêté, il sera fusillé. Yvonne Vermughen sera emprisonnée et la ferme rasée.
Terry Jepp
Private du Royal Army Medical Corps
Terry Jepp sauta de son Dakota en ayant pour mission de participer à la mise sur pied du Poste de Premier Secours à la Batterie de Merville.
Il se demandera rapidement, après avoir sauté de son Dakota, si il allait piquer droit dans la Manche tant l’étendue d’eau sous ses bottes était vaste.
Il arriva au contact de l’élément liquide et plongea d’un coup dans l’eau glaciale. Il lutta longtemps pour échapper à la volonté d’engloutissement du Marais fétide. Avec quelques hommes retrouvés, comme nous l’avons évoqué au-dessus, il gagnera la ferme de la Bergerie avec l’aide du vacher des Vermughen.
Il ne restera pas longtemps à la Bergerie et repartira le soir même pour rejoindre au plus vite le 9ème Bataillon et pour éviter tout danger tant pour lui que pour les Vermughen.
Sur le trajet vers la Batterie de Merville il tombera sur une patrouille allemande qui ouvrira aussitôt le feu sur lui. Il sera blessé griévement à la jambe et fait prisonnier. Il sera soigné à Paris. Puis, il s’évadera et parviendra à regagner l’Angleterre.
Il reviendra en Normandie et retrouvera Yvonne Vermughen qui a été emprisonnée six mois par les allemands.