La poursuite de la mission

La poursuite de la mission

Le départ de la batterie de Merville

Le 9ème Bataillon du Lieutenant-Colonel Terence Otway, une fois la batterie de Merville neutralisée, devait se regrouper au lieu dit du calvaire.

 

Ce qu’il fît.
Mais ils ne furent qu’environ soixante cinq à se retrouver au calvaire.
Le Lieutenant-Colonel Terence Otway ne pouvait que revenir sur la tragédie qui venait de frapper son 9ème Bataillon. Avec seulement un cinquième de son Bataillon il parvint à neutraliser la batterie de Merville. Et maintenant regroupé au calvaire, le 9ème Bataillon, après cet inimaginable assaut, se trouvait encore plus réduit.

 

Des témoignages décrivent le Lieutenant-Colonel Terence Otway partagé entre une immense colère, bien difficile à contenir, et une affliction profonde.
Mais il devait commander son 9ème Bataillon pour la poursuite de la mission.
Trente minutes après, ordres donnés, la colonne progressait à nouveau… Elle progressa par un chemin de campagne, en silence. La concentration était intense dans tout le 9ème Bataillon, car chaque haie, chaque arbre pouvait dissimuler un ennemi embusqué. Tous les sens des hommes du 9ème Para étaient en éveil car le terrain rendit le mouvement de la colonne particulièrement dangereux.
Et tout à coup, voilà qu’un autre danger immédiat menaça la totalité du 9ème Bataillon de Terence Otway. Le vrombissement significatif de bombardiers annonçait l’imminence d’un bombardement.
 Les hommes du 9ème Bataillon eurent tout juste le temps de se jeter au sol, qu’un tapis de bombes était largué par des bombardiers Lancaster. Tapis au fond des fossés, têtes baissées et blotties à l’intérieur des bras croisés au-dessus de leurs casques, les parachutistes du 9ème Bataillon, au beau milieu d’un fracas destructeur, attendirent que cet enfer d’explosions se termine. Le sol trembla de toute sa masse et les hommes reçurent beaucoup de terre qui s’abattit sur eux. De béants cratères ouvrirent leur gueule affamée et, par bonheur, personne dans le 9ème Bataillon ne sera blessé. Le tapis de bombes longea la colonne du Lieutenant-Colonel Terence Otway.

La station radar de Sallenelles

La Station Radar allemande devait être neutralisée


 

Après avoir avancé quelque temps, le Lieutenant-Colonel Terence Otway trancha. Il ne voulait pas risquer de perdre à nouveau des combattants. Il concentra ses forces sur la nouvelle mission essentielle : occuper et tenir la position dites du Plain. Position stratégique puisque cette portion de Normandie domine l’Orne et le canal de Caen ainsi que la route, qui de la côte mène à Caen. Cette position, si elle était occupée par les allemands, leur permettrait de tenir sous le feu la tête de pont Alliée. En outre, cette route sera celle qu’empruntera le Commando pour opérer sa jonction avec le 9ème Bataillon et le relever.

 

Le Lieutenant-Colonel Terence Otway ajourne donc sa mission concernant la station Radar de Sallennelles et, après avoir donné ses ordres, bifurque en direction du Plain.

Le château d’Amfreville

Après avoir bifurqué, les parachutistes du Lieutenant-Colonel Terence Otway ne tardent pas à découvrir la présence d’une position allemande, juste droit devant eux.

 

Des mitrailleuses bien embusquées ouvrent le feu et les MG font pleuvoir leurs balles à une cadence infernale.
Tout le monde se met à couvert tandis qu’un parachutiste progresse furtivement jusqu’à une des mitrailleuses et met en fuite ses servants. Le Lieutenant-Colonel Terence Otway saisit, en un éclair, l’opportunité et fait charger ses hommes. Le plan fonctionne et les allemands encore valides abandonnent la position, s’imaginant faire face à un nombre important d’assaillants.
Une fois les allemands mis en déroute, le Lieutenant-Colonel Terence Otway grâce à ses jumelles distigue d’importants mouvements allemands dans un hameau, le Hameau Oger très proche du Plain. Il décida donc de contourner les allemands pour arriver au Plain par l’Est. Des échanges de tirs eurent lieu et la mitrailleuse Vickers faucha une contre-attaque allemande.
Il repère, après avoir progressé, non loin du Hameau Oger, un château (aujourd’hui disparu). Après une reconnaissance, il décide d’investir ce château d’Amfréville, par l’arrière. Pas mécontent de disposer d’une toiture, le Lieutenant-Colonel Otway fait fouiller la place, fait disposer des sentinelles et installe des tireurs, munis de fusils à lunette, pour qu’ils parviennent à repérer et à éliminer les tireurs allemands embusqués.
Puis des allemands prennent position en se rappochant du château et ouvrent le feu. Terence Otway ne veut pas laisser découvrir à l’ennemi la précarité dans laquelle se trouve son Bataillon. Aussi lance-t-il un groupe de ses parachutistes attaquer le bâtiment où il perçoit toujours, avec ses jumelles, une forte activité. En outre, cette position allemande se trouve sur le trajet du Commando qui doit les rejoindre au Plain. L’attaque échoue. Le Lieutenant-Colonel Terence Otway est inquiet car ses hommes sont isolés et les munitions manquent… de plus la nuit commence à tomber.
Nous sommes à J +1, le 7 Juin 1944. Quelques hommes rejoignent le 9ème Bataillon mais ils ne sont toujours pas plus de 80 parachutistes. Une mitrailleuse allemande est détruite. Un parachutiste avec sa lunette déloge un tireur embusqué et chacun, désormais, va rester sur ses positions.
Les premiers éléments du Commando commencent à en découdre avec les allemands du Hameau Oger. Le Lieutenant-Colonel Terence Otway décide d’aller à la rencontre du Commando.

Il rencontrera Lord Lovat, encore sur les bords de l’Orne, et mettra au point avec lui le plan d’action pour qu’il puisse rejoindre son 9ème Bataillon et le relever. De retour aux côtés de ses hommes, le Lieutenant-Colonel Terence Otway sait qu’il lui faut tenir jusqu’au soir.

Le Château Saint-Côme

La Villa Bois-des-Monts et l’étau de la contre-attaque allemande

 

J +2, nous sommes le 8 juin 1944. La jonction avec les Commandos s’est correctement opérée, la veille. L’isolement a été rompu et Otway reçoit l’ordre de la Brigade de se diriger vers le château Saint-Côme au sud-est de Bréville et de sa position. Il faut tenir les hauteurs du Château Saint- Côme-Le Mesnil (voir carte ci-dessous) car elles contrôlent la plaine qui va vers Caen.

Il faut les tenir pour constituer un bouclier efficace sur le flanc gauche du Débarquement Allié.
A la faveur de la nuit le 9ème Bataillon se met en marche.

 

Le Lieutenant-Colonel Terence Otway contourne Bréville et tombe, avec tout son Bataillon, sur une colonne allemande. Tout le monde se dissimule, laisse passer les allemands car l’objectif passe avant la mise en pièces de cette colonne. Les allemands disparaissent sans avoir même soupçonné la présence des parachutistes de Terence Otway. Ils continuent de progresser.
Ils arrivent, à l’aube, au château Saint-Côme et trouvent l’entrée déserte. Le Lieutenant-Colonel Terence Otway ne veut prendre aucun risque et établira son HQ dans la Villa Bois-des-Monts située dans le bois face à l’entrée triomphale du château. Cette Villa est marqué HQ sur la carte ci-dessus. Il va organiser rapidement la défense en ce bois et la concentrer autour de la Villa, avec 3 compagnies (voir carte). Dans le même temps, il envoie une reconnaissance dans le château Saint-Côme. Il est, lui aussi, désert mais tout montre que les allemands l’ont abandonné dans la plus grande des précipitations : ils n’ont pas eu le temps de finir leurs différentes occupations.
 Nous sommes à J +3, le 9 juin et le jour se lève. Terence Otway a demandé vivres et munitions au Brigadier James Hill. Les allemands déclenchent un tir d’artillerie alors qu’une reconnaissance indique qu’au moins deux compagnies allemandes tiennent Bréville et qu’elles semblent attendre des renforts. Le Lieutenant-Colonel Terence Otway aura bientôt face à lui un bataillon allemand au grand complet.

 

Les tirs d’artillerie se poursuivent de nuit.
Nous sommes le 10 juin à J +4. Les allemands mènent des attaques répétées. Les combats sont âpres. Le Lieutenant-Colonel Terence Otway déplore des pertes élevées. Les allemands en comptent de lourdes. Mais les grenadiers allemands ne diminuent pas leur pression. Ils occupent maintenant le château Saint-Côme. L’engagement est total et les allemands se trouvent au plus près du système défensif du Lieutenant-Colonel Terence Otway. Mais les parachutistes du 9ème Bataillon ne faiblissent pas.

Le Mesnil

Le Headquarter de la 3ème Brigade est attaqué

 

Nous sommes le 11 juin à J +5. La violence des assauts allemands redouble depuis Bréville et le château Saint-Côme. Le 5th Black Watch mène une attaque sur Bréville et face à la féroce défense allemande déplore d’épouvantables pertes. Le 5th Black Watch se replie sur la position du Lieutenant-Colonel Terence Otway Puis un message tombe du Brigade Headquarter qui demande un soutien : il est lourdement attaqué.

 

Le Lieutenant-Colonel Terence Otway envoie quatre officiers et une vingtaine d’hommes. Otway attaque les bois qui longent la route qui ménent au Mesnil où se trouve le Brigade Headquarter. Les allemands s’y retranchent. Aussi, il lance de puissantes attaques, déclenche des assauts pour leur faire abandonner leurs positions. Ils fouillent les maisons près du carrefour du Mesnil… La menace est écartée.
Nous sommes le 12 juin à J +6. Les allemands commencent à aligner des blindés et des canons automoteurs qui appuient un bataillon qui porte sa poussée sur les défenses extérieures du château Saint-Côme tenues par les Black Watch.

 

Le 9ème Bataillon avec les Black Watch compte environ deux cents hommes.

 

Vers midi, les allemands commence à déchaîner une violente canonnade qui va aller s’intensifiant.
 Tout le 9ème Bataillon s’abrite comme il peut au fond des ses trous…

 

Puis la défense extérieure du château Saint-Côme est percée sous la pression de l’attaque allemande. Les vagues d’assauts allemandes succèdent aux vagues d’assauts. Les grenadiers allemands se ruent sur les parachutistes… Les canons des mortiers sont brûlants… Les pertes sont considérables. Au poste de premiers secours, britanniques et allemands affluent en masse.
 Au Poste de Secours de la Villa Bois-des-Monts arrive un officier supérieur grièvement blessé. Il apprend au Lieutenant-Colonel Terence Otway qu’il a perdu deux de ses bataillons ainsi que des blindés et des canons. Les combats font rage.

 

Dans la soirée, alors qu’une nouvelle vague allemande déferle sur le 9ème Bataillon, survient, au beau milieu d’une situation apocalyptique, le Brigadier James Hill avec des renforts.

 

Depuis la mi journée, les hommes du 9ème Bataillon ont tenu, face à des forces allemandes équipés d’artillerie, de blindés et dont la supériorité numérique était absolument incontestable. L’entraînement si dur des parachutistes leur a permis de résister et les allemands apprirent au fur et à mesure de leurs assauts que les hommes du 9ème Bataillon n’étaient pas des soldats ordinaires mais des hommes du Parachute Regiment. Des soldats à la détermination d’acier et d’une valeur hors du commun. Le Brigadier James Hill, lors de l’entraînement voulait que leur efficacité soit leur meilleure assurance pour survivre au chaos. Et il savait pertinemment que le chaos serait au rendez-vous en Normandie.

La bombe du château
Saint-Côme

Une nouvelle épouvantable fatalité


 

Cette interminable journée du 12 juin, marquée par une écrasante supériorité en nombre ainsi qu’en matériel des allemands et par de très intenses combats, prend fin. Le 9ème Bataillon a su trouver, dans la rigueur de son entraînement et dans sa bravoure, les ressources nécessaires pour résister à la sauvagerie des combats. Le 9ème Bataillon est parvenu, au prix de nombreux morts et blessés, à tenir sa position stratégique.

 

Alors que point le crépuscule, le Lieutenant-Colonel Terence Otway achève l’inspection de ses positions. L’inimaginable journée du 12 juin trouva une issue heureuse grâce à l’arrivée de Brigadier Hills et de ses renforts.
Le Lieutenant-Colonel Terence Otway s’entretient dans le chemin qui face à l’entrée du château avec 3 officiers et un sous-officier. Puis survient un bombardement allemand de la Luftwaffe.

 

Puis une bombe explose et le Lieutenant-Colonel Terence Otway est projeté au travers de la route tandis que Greenway et Pond sont sonnés, McGeever est blessé et Christie est tué sur le coup.
 Les victimes de cette bombe sont conduits de toute urgence au Poste de Secours de la Villa Bois-des-Monts.
La nuit du 12 juin sera décisive. Le 12ème Bataillon de parachutistes et le Devon attaquent par le Nord et les allemands, vaincus, abandonnent leurs positions.

 

Le 13 juin au matin, Terence Otway recouvre ses esprits, allongé, dans le Poste de Secours de la Villa Bois-des-Monts.
En milieu de journée, le 13 juin, le 9ème Bataillon sera relevé, au château Saint-Côme, par le 52nd Oxfordshire et le Buckingham Light Infantery.
Le Lieutenant-Colonel Otway rejoindra avec son Bataillon le Headquarter au Mesnil. Une fois arrivés, Terence Otway recevra ordre de protéger le Headquarter en avant du carrefour du Mesnil. L’heure du repos pour son Bataillon n’avait pas encore sonné.

 

Le 14 juin, ils prennent position et le 15 juin, le Brigadier James Hill dans ses quartiers offre sa tournée pour l’anniversaire du Lieutenant-Colonel Terence Otway. Ce 15 juin 1944, le Lieutenant- Colonel Terence Otway a 30 ans.

 

Quelques jours plus tard, le 9ème Bataillon sera mis en réserve.
C’est à ce moment que le Lieutenant-Colonel Terence Otway va connaître des troubles physiques terribles. Sensation d’abattement total, pertes d’équilibre, taches noires devant les yeux, migraines atroces, hyper sensibilité au bruit…

 

Ses compagnons le persuadent de consulter le Royal Medical Corps. Ce qu’il fait.
Et ce sera le Major General Richard N. Gale, lui même, qui viendra annoncer, quelques jours plus tard, à Terence Otway le verdict des médecins. La bombe du 12 juin au soir a causé de très graves lésions internes. Le Lieutenant-Colonel Terence Otway doit être relevé de son commandement.

 

Cette nouvelle est la pire des choses qui pouvait survenir pour Terence Otway. Il est très profondément, intimement atteint. Sa raison d’être se dérobe sous lui…
Cette nouvelle blessure constituera le second traumatisme qui frappera de plein fouet le Lieutenant-Colonel Terence Otway en Normandie.
En convalescence, il sera décoré de la très haute distinction de la Distinguished Service Order.